Bouche à oreilles – automne 2024
Lorsqu’un document interpelle, bouscule, amuse, transporte ou transforme, nos bibliothécaires aiment le partager avec vous. Ce partage se fait à travers les « Bouche-à-oreilles », des signets placés dans les documents disponibles dans nos différents sites.
Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-dessous pour vous donner envie.
Livres
Comment ne pas devenir écrivain voyageur
Adrien Blouët
En décembre 2019, Adrien Blouët arrive au Japon, une bourse littéraire en poche. Il prévoit d’y écrire son prochain roman. Une vie paisible devait s’offrir à lui à Okinawa, l’île située la plus au sud du Japon.
Nous sommes fin 2019 et les choses ne se passent pas comme prévu pour notre écrivain. Le covid-19 chamboule ses projets et le pousse à quitter Okinawa pour Kyoto. Adrien Blouët commence alors un voyage à travers l’archipel vidé de touristes, dans une atmosphère semi-paisible et semi-culpabilisante. Pourquoi rester au Japon au lieu de rentrer en France ? Voilà la question qui revient constamment dans son esprit. C’est bien au Japon qu’il restera et c’est depuis ce pays qu’il offre sa vision du voyage, du rapport à l’autre et à la langue. C’est aussi grâce à son statut d’écrivain voyageur malgré lui qu’il propose ce récit brutalement honnête.
Myriam, site Riponne
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Génie la folle
Inès Cagnati
Frêles silhouettes silencieuses qui traversent les paysages de campagne rudes et puissants, « Génie la folle » et sa fille vivent en marge du village. De la fille, Marie, le récit naît. Peur de l’abandon, amour fou pour sa mère, expérience sensible d’une faune et d’une flore buissonneuse, Marie met en mots la beauté et la violence de la vie. Bien sûr, Génie la folle n’est pas folle, mais sauvage et abîmée, mutique. Loin du portrait classique, le texte prend la forme d’un roman de la traversée. Nombreux et répétés sont les chemins, fourrés, sentiers rocailleux menant aux champs et au travail. Rejoindre la mère, les vaches, le brouillard et le froid, et attendre, attendre… les cheveux bercés dans l’églantier sauvage. Ivresse du végétal et de l’enfance qui s’étire et file.
Chloé, site Riponne
Les rafales du carême
Zachary Richard
L’auteur connu pour ses balades en français nous livre ici son premier roman qui est aussi le premier roman francophone publié depuis 1894 par un écrivain louisianais.
L’histoire suit entre autres, le jeune André Boudreaux de 1878 à 1890. En compagnie de son grand-père Drozin, le jeune garçon va découvrir la passion des chevaux, la Nouvelle Orléans et les drames qui font grandir. Le Sud de la Louisiane est ko après la guerre de Sécession. C’est l’épopée du chemin de fer, le temps des frictions entre créoles, propriétaires terriens et esclaves affranchis. Dans ce roman on côtoie quelques personnages historiques dans une ambiance de superstitions, de cérémonies vaudou, d’élections et de chasse dans le Bayou. L’influence de la culture française n’est jamais très loin.
Evelyne, site Riponne
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Allée des Immortelles
Florian Préclaire
Dans ce court roman aux airs flaubertiens, la langue, d’une élégance surannée, nous frappe par sa légèreté et son appui, précise comme un pas de danseuse, à la fois éthérée et noble malgré l’emploi du “tu”. Ce “tu” s’adresse à cette femme dont nous suivons la silhouette le long de cette bien étrange allée pour la voir s’évanouir peu à peu dans la nuit noire. Récit d’une vie traversant les époques avec grâce et obscurité, l’Allée des Immortelles pourrait bien vous emmener sur un chemin que vous ne soupçonniez pas…
Chloé, site Riponne
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L’envol des dragons
Karine Yoakim-Pasquier
J’ai beaucoup apprécié ce livre parce qu’il y a beaucoup de magie dedans. Les personnages sont chouettes et courageux. Je conseille à tout le monde de lire ce livre.
3e volet de Le monde des dragons qui suit : A la poursuite des dragons (RIA 34220) et Hana et le dragon des mers (RIA 38484)
Nine, 10 ans, lectrice
La maison des maladies
Unica Zürn
La maison des maladies est un journal d’hôpital. Celui de la magnétique Unica Zürn, qui, en 1958, est internée pour maladie mentale. Réplique exacte du manuscrit, l’ouvrage donne la sensation bluffante de se trouver devant le véritable cahier. Dessins, anagrammes, écritures de haut en bas, format de l’ouvrage, tout nous renvoie à l’intériorité des jours captifs. Hans Bellemer, alors compagnon de la belle Unica, saura reconnaître très vite la valeur de ce petit cahier, et tentera d’arracher aux psychiatres ce joyau artistique. Mais ceci est une autre histoire, celle de l’art brut et de son appropriation par les médecins collectionneurs… Savourez ce très bel objet et enivrez-vous des lignes sinueuses et mentales de cette patiente si spéciale !
Chloé, site Riponne
Ce que murmurent les animaux
Virginia Markus
Militante antispéciste prônant la désobéissance civile à plusieurs reprises, c’est maintenant dans son sanctuaire à Frenières-sur-Bex que Virginia Markus continue son combat pour les animaux. Ce récit est celui des êtres qu’elle a sauvés, côtoyés, accompagnés. Des leçons de vie et de mort, de colère et de résilience mais surtout d’amour, peignant une fresque sensible et clairvoyante. C’est avec passion et engagement que Virginia Markus nous invite à prêter une oreille plus attentive aux murmures des animaux qui nous entourent et ainsi repenser notre place dans le monde actuel.
Finalement, qu’est-ce qu’un cochon ou une vache ont de si différent qu’un chien ou un chat ?
Lea, site Riponne
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Alectone
Edmond-Henri Crisinel
Crisinel (1897-1948) est un écrivain, poète et journaliste lausannois, énigmatique et méconnu malgré une oeuvre riche de fulgurances. A bien des égards il attise la curiosité et ce petit livre des éditions Allia donne le goût de poursuivre la lecture avec « le Veilleur » et sa très belle biographie par Eric Bulliard « Veiller au seuil du néant ». Des abysses il est bien question dans la vie de Crisinel… Né dans une famille protestante conservatrice, une homosexualité refoulée et mal vécue, des séjours en hôpitaux psychiatriques et un suicide par noyade dans le lac Léman. En une phrase, voici condensée « la déchirure » qu’était sa vie. Le récit « Alectone » cristallise tout cela, dans un univers proche de celui de Kafka ou de Thomas Bernhard, d’une beauté sidérante. Un très grand écrivain vaudois hélas oublié et pourtant si atemporel dans ses maux.
Chloé, site Riponne
Walter Benjamin / Substance
Massimo Palma
Outsider de la philosophie, inégalé et inégalable, jamais là où on l’attend, Walter Benjamin ne cesse de nous surprendre. De son expérimentation avec le hashish, l’opium et autres drogues, à son goût pour l’ivresse, le philosophe extrait de ses expériences une pensée tant individuelle que politique. Ouvrir le champ à travers le délire, grandir avec le plaisir, dilater le temps avec l’oisiveté : c’est tout un rapport au monde – un positionnement autre – qui se recompose avec les substances. Un ouvrage surprenant et audacieux qui réussit son pari de faire entrer les drogues en philosophie et une ode au plus rock’n roll des philosophes du XXème siècle.
Chloé, site Riponne
Lettres à Nora
James Joyce
Si vous aussi vous n’avez pas encore eu le courage de vous atteler aux mille et quelques pages du dantesque “Ulysse” de James Joyce, alors ces lettres sont faites pour vous ! Désormais, quand on vous posera la question brûlante de la lecture d’”Ulysse”, vous pourrez botter en touche et briller en société en vous vantant d’avoir lu les “Lettres à Nora”, délicieuses d’obscénités sexuelles et d’amour. Un James Joyce insoupçonnable et sulfureux pour qui la sexualité (quasi animale !) rejoint la littérature tant les deux puisent leurs racines dans la pulsion de vie. Vous rirez autant que moi je l’espère de ce “Jim” incontrôlable et méconnaissable, au langage pervers, qui n’est pas sans nous rappeler un certain Apollinaire et ses “Poèmes à Lou”.
Chloé, site Riponne
Films
Simple comme Sylvain
Monia Chokri
Sophia et Sylvain c’est une rencontre explosive, un coup de foudre entre deux êtres que tout oppose. Contrairement à ce que le résumé laisse penser, c’est une comédie romantique loin des clichés habituels que nous offre Monia Chokri avec “Simple comme Sylvain”. La réalisatrice québécoise apporte une réflexion humaine et réaliste de l’amour, elle dissèque et dissocie les notions de couple, de désir et questionne leur survie au-delà des classes sociales. Une œuvre intelligente, réfléchie, drôle et touchante aux teintes rétro tant bien dans la mise en scène que dans la bande sonore. Sa réalisation soignée lui a d’ailleurs valu le César du meilleur film étranger, au détriment de “Oppenheimer” de Christopher Nolan. Une vraie pépite cinématographique à ne pas manquer.
Lea, site Riponne
Midnight silence
Oh-Seung Kwon
Seoul. Kyung-mi, une femme sourde-muette sillonne les rues nocturnes de la capitale, avec sa maman. L’atmosphère est oppressante. Ce que les femmes ignorent, c’est qu’un tueur en série arpente la ville, recherchant sa nouvelle proie. Kyung-mi sursaute lorsqu’un escarpin tombe devant elle. Une voix murmure au loin, « si tu touches à ça, tu es morte ». Son destin se scelle lorsque ses yeux croisent ceux d’une fille écharpée, au fond de l’allée sombre et que le tueur revient sur ces pas. La traque commence et une véritable chasse s’engage dans les dédales coréens.
Une fois encore, le cinéma asiatique épate. Peu adepte des thrillers, je n’ai pu m’interrompre en regardant ce film. L’ambiance est glaçante, on partage l’injustice des protagonistes et notre sang se glace devant les yeux brillants d’excitation du tueur. Une longue nuit haletante vous attend…
Déborah, site Riponne
Musique
Bach & l’Italie
Justin Taylor
Bien sûr, ces pièces de Bach sont extra et le talent de Justin Taylor n’est plus à prouver. Aujourd’hui c’est du château d’Assas (en photo) et son clavecin du XVIIIème dont j’aimerais vous parler. Situé près de Montpellier en pleine garrigue, le château a une histoire charismatique. Pendant la guerre il hébergea des œuvres d’art du Louvre pour leur éviter le pillage des Allemands. Mais surtout, en 1975, un certain Scott Ross, venu des USA avec ses chats et ses orchidées, aux airs de rockeur avec sa veste en cuir, son jean troué et ses santiags, trouve refuge au château. Dès lors, il prend en main le clavecin et y enregistrera les plus grandes compositions. Il y finira sa vie, atteint du sida à l’âge de 38 ans en 1989. Un personnage passionnant et le plus beatnik des clavecinistes (dont nous avons les disques) !
Chloé, site Riponne
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