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Bouche à oreilles – printemps 2025

Un dessin de bouche souriante sur fond beige.

Lorsqu’un document interpelle, bouscule, amuse, transporte ou transforme, nos bibliothécaires aiment le partager avec vous. Ce partage se fait à travers les « Bouche-à-oreilles », des signets placés dans les documents disponibles dans nos différents sites.

Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-dessous pour vous donner envie.

Livres

Cocktail sugar : et autres nouvelles de Corée

Ae-ran Kim

La Corée du Sud, une société où règnent pudeur et élégance… Voilà la surface d’un pays dont le soft power n’est plus à ignorer. Une société que huit autrices sud-coréennes ont pris le malin plaisir à effriter. En effet, il suffit d’en gratter la surface pour voir y émerger adultère, avortement, maltraitance infantile et relations intergénérationnelles conflictuelles. Huit voix féminines sud-coréennes qui ont beaucoup à raconter sur leur pays que l’on connaît à travers les derniers k-dramas populaires. Les nouvelles sont autant touchantes que dramatiques, voire dérangeantes pour certaines. Mais c’est tout l’intérêt de ce recueil de nouvelles : montrer que, contrairement à sa couverture, la vie en tant que femme en Corée du Sud n’est pas toute rose !

Myriam, site Riponne

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Littérature et révolution

Joseph Andras, Kaoutar Harchi

J’ai lu et aussitôt relu cet essai tant il m’a passionnée.

Un dialogue vif entre Kaoutar Harchi,  écrivaine et sociologue qui questionne « les rapports sociaux, de race, de classe, de genre »  et Joseph Andras qui se réclame, lui,  de « la tradition socialiste, révolutionnaire et anticolonialiste ». Tous deux revendiquent une littérature qui ne se contente pas de décrire le monde mais vise, par l’écriture même, à une transformation révolutionnaire de l’espace social.

Une littérature de combat, donc, qui bouscule et ouvre une réflexion très stimulante.

Patricia, site Riponne

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Carcoma

Layla Martinez

Frissonnez Messieurs… car Carcoma ne vous laissera pas indemnes ! Prenons un peu de Lovecraft pour ses ombres tapies et glaçantes, un peu de Kafka et de son goût pour les métamorphoses en insectes géants, un peu d’Hitchcock pour l’effrayante maison de Norman Bates, secouons bien le tout… Voici Carcoma ! L’histoire d’une vendetta familiale et féminine dans une Espagne atemporelle et désolée. Les traumatismes des violences familiales se transmettent de femmes en femmes, de génération en génération, et nous concernent tous. Ici, la vengeance a le sexe de l’effroi et la langue sculptée d’amertume. Un roman somptueux de noirceur, étonnant de singularité.

Chloé, site Riponne

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A la fin du monde il fera beau : essai sur l’inaction climatique

Gabriel Perez, Florian Massip

Les nouvelles formes d’organisation du travail ont banni les questions éthiques et bâillonnent les problématiques climatiques. Centrées sur la productivité, elles entravent la capacité du travailleur à se considérer autrement qu’un exécutant. Pour préserver l’intégrité de son identité, celui-ci s’enferme dans une logique de « paralysie de la pensée ». Dans sa vie privée, le même phénomène empêche le citoyen de questionner son destin politique et l’enferme dans l’inaction climatique.

A quoi ressemblera le monde au fil du dérèglement climatique ? Force est de constater que l’imaginaire néolibéral s’insinue dans nos représentations inhibant tout débat démocratique qui permet de repenser notre rapport à la nature et ses limites. La pensée utopiste se révèle un outil plus adapté pour interroger les équilibres au sein du vivant.

Sylvia, site Unithèque

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Le papier peint jaune

Charlotte Perkins Gilman

Un beau papier peint, aux motifs ondulants, végétaux ou aériens, vous arrachera de l’ennui et vous propulsera dans un autre monde. Les enfants rêveurs et solitaires le savent bien : le papier peint n’est autre qu’un passage… Mais dans cette nouvelle écrite en 1892 par Charlotte Perkins Gilman, plutôt que de liberté et d’affranchissement par l’évasion de la pensée, il est au contraire question à travers le papier peint d’enfermement et d’aliénation de la femme. Car les heures sombres de la médecine patriarcale ont souvent usé de la claustration entre quatre murs comme seul moyen de guérison (ou domination) pour la psyché féminine. Un texte donc hautement révolutionnaire et dénonciateur pour son époque, sublimé par un papier peint qui prendra forme au fil des pages sous la pulpe même de vos doigts. Prenez garde aux motifs !

Chloé, site Riponne

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Rebis

Irene Marchesini et Carlotta Dicataldo

Une histoire touchante magnifiquement illustrée.

Martino, un petit garçon très attachant, est né albinos dans une famille d’un petit village du Moyen Âge. Rejeté par son père et par les enfants du village qui le pensent maudit, il se réfugie dans la forêt auprès de Viviane, une « sorcière ». Là, il sera pour la première fois aimé et accepté comme il est.

L’histoire est bien amenée et touchante, les personnages travaillés et convaincants. Le dessin, empreint de douceur, invite à la rêverie. Tout comme les couleurs qui plongent au cœur de la forêt. J’ai été happée dans ce livre que je n’ai pu lâcher qu’une fois terminé.

Amélie, site Riponne

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Coyote

Sylvain Prudhomme

Dans ce récit, Sylvain Prudhomme nous embarque avec lui en auto-stop tout au long du mur entre le Mexique et les USA. De Tijuana à Matamoros, il donne la parole aux conducteurs, note dans un carnet, puis nous le restitue ici en 31 chapitres, 31 polaroid et quelques textes intercalaires.

Cette frontière, si présente dans l’actualité, se trouve ainsi racontée par des hommes et des femmes qui la côtoie au quotidien. La dernière page lue, j’ai fermé le livre en regrettant de ne pas poursuivre la route.

Patricia, site Riponne

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Le chant des oubliées

Kristin Hanna

Un roman bouleversant qui prend aux tripes

Il suffit de lire le nom du Vietnam pour évoquer des images de plages idylliques, de jungles luxuriantes et malheureusement aussi des horreurs commises pendant la guerre. Mais qu’en est-il des oublié(e)s de tous conflits ? Ce roman invite à suivre une jeune infirmière inexpérimentée qui s’engage naïvement dans l’armée américaine par patriotisme et se révèle professionnellement et en tant que femme en sauvant des vies tout en apprenant l’absurdité de la guerre. Un second combat s’engage à son retour au pays. D’abord contre elle-même, pour se reconstruire et construire sa vie. Surtout, contre ses compatriotes, qui nient sa souffrance et son expérience (il n’y a pas eu de femme au Vietnam, lui répète-t-on inlassablement).

Ce texte est une magnifique ode à la vie et à la paix, parfaitement construit et plein de rebondissement dont on ne peut pas sortir indemne.

Amélie, site Riponne

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La fin de la conversation?

David Le Breton

David Le Breton, anthropologue, nous propose une réflexion importante et urgente sur l’usage des téléphones portables et de leurs effets sur la société. 

Qui n’a jamais été interrompu dans une conversation par une sonnerie, une notification, un appel qui devient prioritaire et qui vous met de côté? Cet assujettissement à la tyrannie du téléphone portable nous rend absent les uns aux autres dans l’espace public lui-même. Le visage disparaît. Dans un monde de fantômes « prosternés devant leur portable » et aux oreilles bouchées par des écouteurs, la rencontre possible devient hasardeuse.

Est-ce que le véritable « visage à visage » deviendra une exception? Dans cet essai, David Le Breton tente de comprendre les effets de ce qu’il appelle une rupture anthropologique, sans juger ni moraliser.

Patricia, site Riponne

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Musique

I Capuleti e i Montecchi

Vincenzo Bellini, Fabio Biondi

Si vous êtes à la recherche d’un Bellini différent, voici l’enregistrement qu’il vous faut ! L’approche interprétative du chef d’orchestre Fabio Biondi sort des sentiers battus et nous permet de renouveler nos habitudes d’écoute. Fini les grands orchestres symphoniques pour ce répertoire. Avec l’ensemble instrumental baroque L’Europa Galante, nous revenons à une formation plus restreinte. Le dialogue entre orchestre et chanteurs devient plus intime et dramatique, et le timbre particulier, sublime. Le timbre est également influencé par la décision de faire jouer le fortepiano tout au long de l’opéra, comme c’était l’usage à l’époque avec le compositeur ou le maestro al cembalo, et pas seulement dans l’accompagnement des récitatifs secchi. Tous les détails sonores et interprétatifs sont également mis en lumière par des chanteur·euses d’exception.

Federica, site Riponne

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