Giacomo Puccini n’a certainement pas besoin d’un anniversaire pour qu’on se souvienne de lui et de ses opéras. Manon Lescaut, La Bohème, Tosca, Madame Butterfly, La fanciulla del West, Turandot, ….
La vie du jeune compositeur changea en une seule nuit, le 11 mars 1876, après avoir assisté à l’Aïda de Verdi à Pise. C’est ainsi que naît sa vocation !
Puccini étant profondément ancré dans la société de son temps, ses opéras sont imprégnés de la vie réelle. Ils reflètent les thèmes et les valeurs universels de la société italienne de l’époque: l’amour, l’honneur, la mort, la passion, la lutte pour la liberté. Sa musique se caractérise par des mélodies passionnées, une écriture vocale plus expressive, une harmonie complexe réalisée par une orchestration très riche et variée. « Sans mélodie, fraîche et poignante, il n’est point d’opéra », avait-il coutume de dire. Ses opéras vibrent alors de mélodies simples, captivantes et mémorables, utilisées souvent pour exprimer les émotions des personnages. Et grâce à l’adoption du Leitmotiv wagnérien, un motif musical attribué à une idée, un sentiment ou un personnage suffit à Puccini pour rappeler, anticiper le drame, marquer nos esprits.
L’orchestration puccinienne est riche, virtuose, aux innovations et imaginations harmoniques extraordinaires bien ancrés dans le 20e siècle (gammes par tons, gammes pentatoniques, quintes à vide, …). Elle crée des atmosphères et des décors vivants. C’est alors l’orchestre qui véhicule le drame et raconte ce qui se passe sur scène. A la fin de la Bohème, personne n’a le courage de révéler la mort de Mimi à Rodolfo : l’orchestre, avec ses accords et sa mélodie déchirants, dit alors l’inéluctable.
Dès le début d’un opéra, l’orchestre de Puccini nous projette dans le vif du sujet. Finies les grandes ouvertures symphoniques de Rossini ou de Verdi. Chaque opéra commence par un motif énoncé en quelques mesures, à partir duquel tout s’enchaîne. Le « motif de première intention », comme l’appelait le compositeur. Dans Gianni Schicchi, le troisième et dernier opéra de Il trittico, le premier accord dissonant sonne comme un grand éclat de rire révélant tout de suite le ton comique de l’œuvre. Suit un thème entrecoupé qui évoque la famille du défunt à la chasse du testament. Mais il faut avoir l’air en deuil et alors la famille reprend vite contenance. La course-poursuite ralentit et se transforme en gémissements qui sont, bien évidemment, des larmes de crocodile.
Une autre spécificité de l’orchestration puccinienne est le final de l’acte construit sur un crescendo obsédant. Un exemple sur tous est la fin du premier acte de Tosca. Bariton, chœur, chœur d’enfants, orgue, pédale de cloches dissonantes, thème lancinant des cordes. La tension croît progressivement de manière obsessionnelle jusqu’à l’outrageant et irrévérencieux « Tosca tu me fais oublier Dieux », crié par Scarpia, à l’église, en contraste avec le chant religieux Te Deum des fidèles.
Mais l’orchestration puissante laisse aussi la place à une orchestration plus poétique et méditative qui se repose, parfois, sur quelques instruments uniquement. C’est le cas du quatuor de violoncelles qui accompagne Mario en prison dans la Tosca. Il s’agit de l’un des plus beaux solos de violoncelle du répertoire. Après le violoncelle, c’est la clarinette qui introduit le célèbre air de Cavaradossi du dernier acte du drame, entendu au début de cet article.
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Le Puccini de la légèreté et de la contemplation rayonne dans les plages de « repos » qui précèdent souvent les actions désespérées ou désespérantes. Un exemple est l’interlude de la fin du deuxième acte de Madame Batterfly. Cio-Cio-San attend son mari avec espoir : des pizzicati délicats aux cordes doublés par les flûtes, un chœur qui chante à bouche fermée. C’est l’image de l’immobilité de l’attente.
La modernité de Puccini est complète : théâtrale, dramatique et musicale. Réalisant les intentions initiées par Verdi, il abandonne les airs séparés pour composer de la musique en continu dans laquelle l’orchestre raconte et commente le drame en utilisation des motifs évocateurs, révélateurs et significatifs.
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