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Nourrir le monde : une déconfiture sucrée

A l’occasion du Festival Histoire & Cité qui se déroule du 28 mars au 2 avril 2023, la BCUL site Unithèque vous propose une sélection de documents en lien avec la thématique « Nourrir le monde ».

En Suisse comme en Europe, la production de betterave sucrière est en crise. Depuis 2013, un règlement d’exécution de l’UE interdit l’emploi et la vente de semences traitées avec certains néonicotinoïdes dont celui employé par les betteraviers, l’imidaclopride, pour venir à bout des pucerons ravageurs. Se basant sur 1200 études scientifiques ayant conclu à la nocivité de cette molécule, l’UE comme la Suisse proscrivent son usage en plein air dès 2018. 

Dès lors, plusieurs pays européens – dont la France – demandent une dérogation au bannissement des produits phytosanitaires afin de faire face aux maladies qui frappent les cultures de betterave. Le 19 janvier dernier, la Cour de Justice de l’UE décrète les dérogations accordées aux betteraviers non-applicables sans délai. 

En Suisse, si l’Office fédéral de l’Agriculture ne permet plus l’usage de l’enrobage des semences par néonicotinoïde depuis 2019, il autorise deux produits de traitements foliaires (vaporisation des feuilles des végétaux) qui présentent également des risques pour la santé humaine et l’environnement.

Ce dossier d’une actualité brûlante illustre les limites de nos modes de fonctionnement productivistes modernes. Le temps des débats politiques, de la recherche scientifique ou des décisions de justice ne sont pas ceux des cycles annuels de production agricole. Dans un contexte d’urgence climatique, un changement majeur de stratégie s’impose.

Nourrir le monde en 2023, c’est se donner les moyens de sécuriser les cultures alimentaires en collaboration avec les producteurs et progresser dans une voie permettant de sortir de la logique des pesticides de synthèse. Nourrir le monde c’est nourrir les sols de manière viable et pérenne.