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Kant, 300 ans plus tard

A la BCU Lausanne, la philosophie est associée à un rayon du libre accès de l’Unithèque et aux apéros-philo organisés dans le Palais de Rumine, mais c’est aussi, pour quelques semaines, une littérature grand public qui ouvre cette discipline et la rend accessible à chacune et chacun. Le site Riponne profite du 300e anniversaire de la naissance d’Immanuel Kant (1724-1804) pour revenir sur cette personnalité, ses thématiques de prédilection et la philosophie des Lumières.

Entre le 16e et le 17e siècle, l’Europe assiste à une grande révolution scientifique. Cette dernière se caractérise par le développement d’une méthode scientifique qui transforme le processus d’acquisition des connaissances. Désormais, on formule des hypothèses basées sur l’observation, on les teste en s’appuyant sur des outils comme le télescope, le microscope ou encore le thermomètre, on analyse des résultats, puis on essaie d’établir des lois universelles. On quitte le domaine de la spéculation pour se lancer dans l’expérimentation. Parmi les acteurs de cette révolution, on peut citer Copernic, Galilée, Descartes ou encore Newton.

Ce bouleversement va conduire, durant la deuxième moitié du 18e siècle, au développement de nouvelles idées et théories philosophiques qui remettent en question les dogmes religieux et la politique de l’époque. Hume, Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot, ou encore Kant sont des figures clés du siècle des Lumières !

Parmi eux, le philosophe Emmanuel Kant, originaire d’Ecosse, naît et vit toute sa vie dans le Royaume de Prusse, à Königsberg (actuelle ville de Kaliningrad, en Russie). Issu d’une famille modeste et nombreuse, il étudie malgré tout, devient précepteur, puis professeur dans l’Université de sa ville. Il y enseigne notamment les mathématiques, la physique, la géographie, la théologie ou encore la morale. Trois de ses publications majeures sont les suivantes :

  • Critique de la raison pure (1781) : Kant s’intéresse à la connaissance et s’applique à répondre à la question « que puis-je savoir ? ». Il cherche à définir un nouvel ordre, une nouvelle catégorisation, qui remplacerait l’idée d’ordre naturel proposée dans l’Antiquité grecque.
  • Critique de la raison pratique (1788) : le philosophe définit sa morale sur la base du livre précédent et cherche cette fois à répondre à la question « que dois-je faire ? ». Selon lui, la morale ne repose plus sur une harmonie avec la nature, mais découle de la raison pure.
  • Critique de la faculté de juger (1790) : l’auteur y développe une nouvelle esthétique qui s’oppose aux théories préexistantes sur l’harmonie avec la nature. Désormais, on voit apparaître les notions de goût du spectateur et de génie du créateur : l’esthétique devient subjective. Kant expose aussi une théorie de la finalité, insistant sur la notion de progrès (« que puis-je espérer ? »).

En utilisant le terme « critique » (du grec krinein, juger, discerner), Kant fait référence au jugement, à l’examen auquel tout doit être soumis pour fonder un raisonnement. Parmi ses thématiques de prédilection, on compte la religion, l’expérience, la liberté et le libre-arbitre, la raison, le jugement, le beau ou encore la morale. Sa pensée aura une influence profonde sur les philosophes qui lui succèderont, comme Hegel, qui s’inscrit dans l’idéalisme allemand, ou encore Arendt, qui, elle s’intéresse à la philosophie politique.

Une sélection thématique consacrée à Kant et, plus largement, à la philosophie est proposée dans nos bibliothèques et sur eLectures.

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