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Prévisions musicales (4/5) : Les saisons

Printemps, été, automne et hiver prennent vie à travers la musique. Ces quatre phases d’évolution du climat dans l’année ont fait naître un souffle créateur chez de nombreux compositeurs de tous les temps.

Incontournables sont les Quatre saisons du compositeur vénitien Antonio Vivaldi. Véritable tableau musical qui dépeint la nature, elles sont l’un des premiers exemples de musique à programme, c’est-à-dire de compositions à caractère purement descriptif. Dans le Printemps on entend alors les chants joyeux des oiseaux imités par les trilles des violons, le bruissement du vent dans le feuillage ou encore le murmure des ruisseaux. Tandis que la danse paysanne du premier mouvement de l’Automne décrit la réjouissance face à la récolte. Ces concertos évoquent également les conditions météorologiques de chaque saison par des procédés musicaux spécifiques. Dans l’Eté l’orage éclate avec la vitesse des notes, la répétition, les changements de tonalités. Dans l’Hiver le froid mordant se manifeste progressivement. Les cordes entrent les unes après les autres, du grave vers l’aigu. Mais soudain, le vent glacé se lève et alors le violon solo joue des lignes de notes rapides, entrecoupées de piques de froid rendus par des trilles brefs et pénétrants. Vivaldi déploie toute son invention et son ingéniosité dans une musique suggestive, descriptive, illustrative, pittoresque et réussit à accéder à l’essence même de chaque saison.

Deux siècles plus tard, le compositeur argentin et père du nuevo tango Astor Piazzolla regroupe quatre de ses compositions en une suite qui prend le titre de Las Cuatro Estaciones Porteñas (Verano Porteño, par exemple, était à l’origine une musique de scène composé pour la pièce théâtrale Melenita de Oro d’Alberto Rodriguez Muñoz). Quatre tangos qui, contrairement à Vivaldi, ne peignent pas les périodes météorologiques des saisons et la vie pastorale, mais plutôt celles de la vie urbaine dans la périphérie de Buenos Aires dans les années 1960-1970. Des moments de passion en été, de nostalgie en automne, de solitude en hiver et de joie et de renaissance au printemps, le tout avec des images musicales qui illustrent les rues de la capitale argentine ainsi que son dynamisme. En choisissant d’utiliser le tango, Piazzolla fait revivre le Buenos Aires bourgeois, le nouveau tango, l’âme de la ville.

Les Quatre saisons de Vivaldi et de Piazzolla ont été l’objet de nombreux arrangements. Max Richter par exemple, compositeur germano-britannique, a réalisé une recomposition de l’œuvre de Vivaldi en 2012. Le miracle de cette partition est d’avoir fait du compositeur baroque un post-minimaliste qui s’ignore. Le musicien de jazz français Jacques Loussier, célèbre pour avoir remanié à la manière jazz plusieurs compositeurs classiques, a également réinterprété les Quatre saisons de Vivaldi.

Le compositeur russe Leonid Desyatnikov, entre 1996 et 1998, a choisi au contraire d’arranger les tangos de Piazzolla en établissant un lien plus profond entre Vivaldi et le compositeur argentin. Certaines sections sont alors remaniées pour violon solo et orchestre à cordes et des citations de l’œuvre vivaldienne sont intégrées à chaque pièce. Mais comme les saisons sont inversées entre Buenos Aires et Venise, dans l’Été à Buenos Aires, par exemple, il insère des éléments de l’Hiver de Vivaldi et vice-versa, dans l’Hiver il insère des éléments de l’Eté vivaldien.

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La série Prévisions musicales continue : pour le dernier rendez-vous, le 8 novembre 2024, il va faire froid !

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